Starlink : le réseau internet par satellite de SpaceX autorisé en France !
Starlink : le réseau internet par satellite de SpaceX autorisé en France !
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Bonne nouvelle pour SpaceX !L’Arcep, le régulateur des télécoms, a officiellement autorisé SpaceX à s’implanter sur le marché français de l’Internet.L’entreprise fondée par Elon Musk avait déjà obtenu, quelques mois auparavant, l’autorisation de fréquences liées aux stations passerelles, permettant aux satellites de se connecter au réseau terrestre.
Cette seconde autorisation, obtenue fin février, concerne l’exploitation des fréquences permettant de fournir un accès à Internet fixe par satellite, via son service commercial Starlink.Cette offre internet d’un nouveau genre va donc pouvoir être proposée dans l’Hexagone d’ici le second semestre de 2021.
On fait le point pour vous.
Une constellation géante de mini-satellites
Pour rappel, avec Starlink, l’ambition de SpaceX est de déployer une constellation très dense de milliers de mini-satellites, placés en orbite basse autour de la Terre, afin de pouvoir fournir un accès à Internet en haut débit par l’espace sur l’ensemble du territoire et notamment en zone rurale.
Plus de 1000 satellites Starlink sont déjà en orbite et prêts à l’emploi.La société se targue de fournir Internet à déjà plus 10 000 abonnés dans les pays où l’offre est déjà active comme les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. Toujours en bêta test, l’offre intéresserait plus de 700 000 américains selon l’entreprise.
En France, l’Arcep vient donc d’accorder à SpaceX l’usage des bandes de fréquences de 10,95 à 12,70 GHz (sens Espace > Terre) et 14 à 14,5 GHz (sens Terre > Espace) pour les terminaux utilisateurs, et 17,8 à 19,3 GHz (sens Espace > Terre) et 27,5 à 30 GHz (sens Terre > Espace) pour les passerelles.
Côté performance, l’opérateur promet un débit bien supérieur au seuil de 30 Mbits/s, qui fixe le “très haut débit” en France.Sur son site, Starlink précise que les utilisateurs devront s’attendre, en béta test, à des débits entre 50 Mbits/s et 150 Mbits/s, ainsi qu’une latence allant de 20 à 40 ms. Les retours des utilisateurs américains semblent pour le moment confirmer ces débits.Elon Musk, fondateur de l’entreprise, indiquait fin février sur Twitter que le débit devrait doubler d’ici la fin de l’année pour les utilisateurs américains et que la latence du réseau devrait également subir une nette amélioration.
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Ce débit reste cependant inférieur à celui proposé par la fibre optique, qui permet en moyenne le téléchargement de 1000 mégabits de données par seconde.
La mise en service de l’offre de Starlink en France est prévue, pour un nombre limité de personnes, pour le second semestre 2021.
Quel prix ?
Si l’offre paraît alléchante, son prix pourrait être un frein.Aux Etats-Unis, le prix de l’offre de Starlink s’élève à 99$/mois (environ 80€). Un tarif plutôt standard pour le pays, auxquels s’ajoutent 500$ (412€) pour l’achat d’un kit de connexion.En effet la connexion satellite nécessite l’installation d’une antenne, comprenant un petit disque blanc placé sur un trépied.
En France, les offres fibre des opérateurs actuels, souvent entre 30 et 40€/mois, restent donc très bon marché par rapport à de nombreux pays et à l’offre de Starlink.Pour le moment, la société n’a pas souhaité dévoiler son tarif pour la France, mais il est déjà possible de verser un premier acompte d’environ 80€ pour bénéficier de l’offre dès son lancement, prévu pour mi-mai 2021.
Un concurrent sérieux pour les opérateurs français ?
Actuellement, le marché français de l’internet, fixe et mobile, est occupé par quatre grands acteurs, Bouygues Télécom, Free, Orange et SFR, laissant peu de place à un nouveau concurrent.
Le marché de l’Internet satellitaire, lui, est encore peu développé, laissant la place à de nouveaux acteurs comme Starlink.Actuellement, seul Orange, via sa filiale Nordnet qui exploite son propre satellite haute performance, SkyDSL et Numerisat proposent des offres.
Pour l’heure, difficile de connaître le nombre de Français qui pourrait être intéressés par cette offre.En effet, celle-ci reste avant tout une solution pour ceux qui n’ont pas accès au réseau habituel ou sont mal desservis, c’est-à-dire aux personnes se trouvant dans des zones blanches, souvent à la campagne.Si au lancement de la 3G, la fracture numérique entre les zones rurales et urbaines était très présente, elle l’est beaucoup moins aujourd’hui.D’après l’ensemble des données collectées par l’Arcep, la couverture 4G de l’Hexagone est plutôt très bonne.Entre 86% et 92% de la surface de la France est couverte par la 4G distribuée par les quatre opérateurs principaux, ce qui représente entre 97% et 99% de la population.De même pour la 3G, dont les proportions sont quasiment identiques, avec une surface couverte comprise entre 92% et 96% du territoire.
La France s’affaire donc à résorber un maximum les zones blanches. En 2018, l’Arcep et le gouvernement annonçaient le lancement du plan “New Deal mobile”, visant un véritable changement dans le domaine de la couverture mobile du territoire.Cet accord impose notamment aux opérateurs différents objectifs d’aménagement numérique mobile du territoire, en contrepartie du renoncement par l’Etat du produit des redevances des autorisations d’utilisation de fréquences 4G, qui s’élève à trois milliards d’euros.Au-delà de ce plan, le gouvernement s’est également engagé dans le déploiement de la fibre pour tous, avec le plan “France Très Haut Débit” lancé en 2013, qui prévoit de couvrir au moins 80% du territoire en très haut débit d’ici 2025.
Des engagements et des efforts du gouvernement qui ne laissent donc que peu de place à l’offre de Starlink pour s’intégrer dans le paysage numérique français.
A peine arrivé, le réseau Starlink fait déjà beaucoup parler de lui en France.Si la majeure partie du pays lui préférera sûrement la fibre optique, il peut tout de même se faire une place parmi les offres d’Internet par satellites, permettant ainsi d’offrir aux régions à faible ou moyenne densité de population et peu ou mal desservies une solution alternative d’accès au très haut débit.Elon Musk a précisé qu’une densification du réseau était prévue pour l’année prochaine dans le but de couvrir un maximum de régions.
Avec ces millions de français potentiels, et ceux de tous les autres pays, l’entreprise ambitionne de “créer un Internet mondial haut débit”, dont elle souhaite contrôler, à terme, 3 à 5 % du marché global.