Paris : les premiers taxis volants en test dès cet été !
Paris : les premiers taxis volants en test dès cet été !
Temps de lecture : 6 minLes taxis volants : la mobilité du futur ?
Si les voitures volantes font depuis bien longtemps partie intégrante du paysage cinématographique futuriste elles seront peut-être très bientôt une réalité dans la région parisienne.C’est en tous cas ce qu’espèrent la RATP, ADP (Aéroports de Paris) et Choose Paris Region, chargé de la promotion de l'Île-de-France, avec des premiers essais qui seront réalisés d’ici juin 2021.
Un enjeu de taille pour désencombrer la circulation, notamment en vue des Jeux Olympiques de 2024 qui se tiendront à Paris, mais également pour une commercialisation à l’horizon de 2030.
Retour sur cette fiction qui devient peu à peu réalité dans notre article de la semaine.
De nombreuses entreprises impliquées dans ce projet
Pour inscrire ce projet dans la réalité, la RATP, ADP et la région Ile-de-France, ont commencé à répartir les rôles à des entreprises pour ses différents aspects : le véhicule, l’infrastructure, les opérations, l’intégration dans l’espace aérien et l’acceptabilité des habitants.Ainsi, les trois partenaires ont retenu au total 31 acteurs au terme d’un appel à manifestation d’intérêt.
Pour le modèle de véhicule qui sera utilisé, c’est l'allemand Volocopter, dont le projet est considéré comme le plus abouti pour le moment, qui sera le premier à tester son véhicule VoloCity dans le ciel parisien.Ces tests seront ponctués des opérations de stationnement, de décollage et d’atterrissage au sein de l’aéroport de Pontoise (95).
Pour aider à la construction de ces véhicules volants, les partenaires du projet ont également sélectionné différents constructeurs et des équipementiers, parmi lesquels on retrouve Airbus et Safran Electronics & Defense.Le choix d’Airbus n’est pas anodin, puisque l'entreprise développe également son propre taxi volant, baptisé “City Airbus”, propulsé par un moteur Rolls-Royce.
On retrouvera également :
- Ascendance Flight Technologies : le constructeur français du VTOL hybride Atea.
- Ehang : le constructeur de VTOL électrique chinois.
- H3 Dynamics, la société singapourienne de développement de systèmes VTOL à hydrogène.
- Vertical Aerospace, la société basée au Royaume-Uni qui développe son eVTOL VA-1X de transport de passagers.
- Pipistrel, le constructeur Slovéne d’avions électriques et de VTOL logistiques.
- L’américain Zipline, constructeur et opérateur de drones logistiques.
Du côté de la maintenance et du pilotage des véhicules volants, c’est Dassault Falcon Services et Air France qui devraient être à la manœuvre.Les systèmes anti-collisions seront quant à eux supervisés par Thalès.
Pour les infrastructures terrestres, qui permettront le stockage, la recharge et l’accueil des passagers, c’est une société suisse qui aurait été retenue.Des scientifiques de Polytechnique et de l’université américaine de Berkeley sont quant à eux chargés d’estimer si les nuisances sonores restent acceptables pour les riverains ou non.
Un véhicule volant vertical
Concrètement, le eVTOL (vertical take-off and landing) de Volocopter se présente comme une alternative à l’hélicoptère pour de courts trajets.
Malgré un mode autonome, le VoloCity sera pour le moment commandé par un pilote, pouvant être accompagné d’un passager et ses bagages.Il embarquera 18 moteurs et autant de rotors, ainsi que 9 batteries, pour une autonomie de 35 km, une vitesse de 110 km/h, le tout à une altitude avoisinant les 400 à 500 mètres.
Pour le moment entièrement électrique, il pourrait à terme fonctionner à l’hydrogène.
Pour décoller à la verticale, le taxi aura besoin de vertiports, qui seront installés au départ et à l’arrivée de chaque destination par Spar Vertiport, pour un coût d’environ 3 à 4 millions d’euros.
Un complément à la mobilité
“Il n’y a pas photo. Le RER A c’est 1,4 million de voyageurs pas jour et dans notre perspective d’offre (de vols en VTOL, NDLR) en 2030 on sera plutôt sur quelques milliers de personnes par jour”, précise Marie-Claude Dupuis, directrice stratégie, innovation et développement du groupe RATP.
Pour le moment réservés à une certaine clientèle, ces véhicules serviront d’alternatives aux hélicoptères pour des déplacements rapides en ville, avec un prix de trajet assez élevé.Outre le prix, qui pourrait être un frein pour beaucoup de personnes, la capacité d’accueil du taxi-volant reste elle aussi un inconvénient.Pour l’heure, le nombre de places à bord est très limité mais d’ici 2030, les partenaires du projet espèrent proposer une offre grand public, avec des navettes plus grandes, qui pourraient accueillir de quatre à six passagers, pour un coût de 1 à 2 euros au kilomètre.
Des démonstrations d’ici 2024 pour un lancement commercial en 2030
Les essais qui seront conduits cet été ne seront que la première étape afin de permettre aux partenariats, s’ils sont concluants, de passer à la seconde étape du projet.Celle-ci consistera à développer ces taxis-volants pour réaliser des démonstrations grand public à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques qui se dérouleront à Paris en 2024.
D’ici 2030, les vols commerciaux devraient être lancés, avec différents trajets possibles. “On envisage quelques milliers de vols par jour”, précise Marie-Claude Dupuis.
La première ligne commerciale qui sera créée permettra d’assurer la liaison entre l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle et la capitale.Par la suite, plusieurs pistes de décollage à la verticale seront construites en Ile-de-France pour permettre à ce projet d’aboutir.
// À (re)lire : [Mobilités] SkyDrive réussit le premier essai habité de sa voiture volante.
Un marché en pleine expansion
En novembre 2019, le cabinet de conseil Oliver Wyman publiait une étude concernant le futur marché des taxis volants et indiquait qu’il pourrait représenter plus de 35 milliards de dollars d’ici 2035.Il devrait également concerner entre 60 et 90 villes dans le monde, essentiellement des mégalopoles congestionnées et polluées d’Amérique et d’Asie.C’est pourquoi la France, et plus largement l’Europe, ne veulent pas passer à côté de cette opportunité.
"S'il y a autant d'intérêt autour du VTOL (véhicule à décollage et atterrissage verticaux, NDLR) ce n'est pas uniquement parce que ça fait rêver, c'est parce qu'il y a des qualités intrinsèques au projet qui expliquent cette mobilisation mais également la concurrence internationale pour pouvoir être une des zones du monde dans laquelle cette filière se structurera", a précisé le directeur général exécutif de Groupe ADP, Edward Arkwright, au cours d'une conférence de presse de présentation du projet.
Avec ce projet, la France entend bien devenir une référence sur le marché mondial de la mobilité aérienne urbaine.Même si le principe de taxis-volants avait déjà été évoqué pour Paris, notamment sur l’eau avec l’entreprise SeaBubbles ayant réalisé des tests sur la Seine fin 2018, la France s’accompagne ici d'un panel de sociétés qui devrait permettre un aboutissement concret et optimal du projet.
Fin septembre 2020, les partenaires du projet avaient indiqué leur volonté de développer une filière de la mobilité aérienne urbaine autour du véhicule à décollage vertical.Un projet qui nécessitera du temps avant un lancement commercial, mais la France ne lésine pas sur les moyens, en réunissant des entreprises spécialistes du monde entier pour s’assurer le succès.
Reste à savoir comment les habitants accueilleront ce nouveau moyen de transport et s’ils seront prêts à abandonner leurs habitudes pour une nouvelle forme de mobilité.